Un peu d’histoire…
Célestin Tuffery est le pionnier du jean français. En 1892, il ouvre un atelier de confection Tuffery à Florac, dans les Cévennes. C’est la naissance du jean. Au fil des années, la famille Tuffery acquiert une notoriété nationale, démocratise le jean et mise sur le fort potentiel de la toile denim.
Dans les années 60, le jean n’est plus seulement porté comme vêtement de travail. Il devient une pièce de mode et un symbole de liberté !
Atelier Tuffery a 130 ans cette année. La marque a su s’adapter et faire sa place face aux changements de chaque époque et notamment à l’arrivée des nouvelles technologies.
Après avoir repris l’entreprise familiale de confection textile, Julien et Myriam Tuffery décident de numériser une de leur plus grande richesse : plus de 60 ans de patronages cartons !
Les enjeux de la digitalisation dans le secteur textile
Cette décision de numériser leurs archives est avant tout un enjeu global et stratégique. En effet, le but premier est de pérenniser le savoir-faire et de conserver l’expérience de plus d’un siècle des maîtres tailleurs Tuffery transmise via les patronages cartons.
Le 2ème défi est de rendre attrayante et de remettre au goût du jour une activité manufacturière qui fonctionnait parfaitement dans les années 60.
En effet, garder une activité artisanale peut être un parti pris, mais peut également bloquer la flexibilité de développement.
Mais ces enjeux impliquent, bien sûr, de trouver des financements, de recruter et former des équipes qui voient leurs tâches changer…
Plusieurs axes de réflexion se sont imposés à Atelier Tuffery durant cette transition. La flexibilité entre l’opérationnel et le côté artisanal de la manufacture devait rester un élément essentiel à l’entreprise et c’est ce qui les poussé à se digitaliser.
Mais sur un marché qui s’adresse principalement aux grosses structures, ce n’est pas toujours évident de trouver une solution de digitalisation adaptée aux besoins (quantités et coûts).
Sécuriser leurs créations, autrement dit, le bien le plus précieux, est apparu par la force des choses dans leur processus de réflexion.
« Si les cartons brûlent, il ne reste rien mis à part la transmission immatérielle de Jean-Jacques (troisième génération de la famille Tuffery) ; ce qui fait beaucoup de travail pour tout reprendre… »
Face à un changement d’une telle ampleur, la capacité d’adaptation humaine et celle du poste de travail peuvent prendre du temps.
Salomé a rejoint Atelier Tuffery en tant que modéliste aux prémices de cette transition. Elle nous explique que le plus compliqué a été de s’adapter à l’outil de digitalisation déjà existant pour passer du papier à l’ordinateur, mais également le transfert de savoir-faire entre 2 générations (Jean-Jacques et Salomé).
Pour le métier de modéliste, cette transition a donc comme vocation première la pérennisation (garder l’authenticité et figer le savoir) et elle apporte avec elle son lot de points positifs tels que la simplification des tâches, la flexibilité, du gain matière, un meilleur confort de travail et d’ergonomie…
Bien sûr, cette transition n’a pas impacté qu’un seul métier mais la chaine de travail dans son ensemble. On remarque que les échanges sont plus fluides, on peut se permettre plus de liberté grâce à la facilité de reproductibilité et les problèmes sont plus vites résolus !
La philosophie du Bon Sens
La communication et plus largement la philosophie de la marque est basée sur le « Bon Sens ».
« La mode responsable, c’est du bon sens. »
Comme l’explique très bien Julien et Myriam (directeurs d’Atelier Tuffery), leur but n’est pas de communiquer sur une mode respectueuse car dans le contexte actuel, cela va de soi. Ils préfèrent l’invoquer grâce à leurs valeurs et méthodes de travail qui sont ancrées depuis la création d’Atelier Tuffery :
-être fabricant, privilégier les circuits courts et locaux
-être responsable en appliquant le mantra « le moins mais mieux » et en veillant au bien être-être des personnes qui les entoure, que ça soit les collaborateurs ou les consommateurs.
-être durable en faisant en sorte de comprendre toute la chaine de valeur et en travaillant avec des partenaires fiables pour avoir un écosystème vertueux
-être humain en privilégiant les relations humaines
-être exigeant en proposant un prix abordable et juste toute l’année
« Il faut faire bouger les codes et faire que cela s’inscrive dans le temps, c’est impératif. »
Consommer de manière durable et réfléchit est innée pour Atelier Tuffery.
Cependant, l’industrie du jean n’est pas neutre dans ce domaine : un jean demande en moyenne 7000 à 10000 litres d’eau pour être produit !
Julien et Myriam ont une vision plus globale de leur responsabilité vis-à-vis de l’environnement. Ils sont conscients du chemin à parcourir mais font également remarquer les efforts du quotidien.
« Tous nos efforts ne sont pas braqués sur la consommation d’eau que peut demander la fabrication d’un jean mais sur la production d’un jean dans sa globalité. Nous préférons les circuits courts et les matières locales qui nous exemptent donc du coton qui consomme beaucoup d’eau. Nous favorisons des jeans rincés en France en circuits fermés, plutôt qu’avec des finitions poussées.
Ce sont tous ces petits gestes et une manière différente d’appréhender la fabrication du jean qui permettent de réduire notre impact sur l’environnement et notre empreinte carbone. »
Lucides quant aux progrès qu’il reste à faire sur le sujet, ils mettent en place de la R&D plus scientifique sur les notions de teintures autres que chimiques ou que les teintures naturelles qui consomment énormément d’eau.
Ils font aussi un gros travail sur les matières en intégrant le chanvre et le lin de filières locales françaises.
« Nous essayons de toujours faire au mieux. »
Au-delà de Florac
Ces valeurs, cet engagement et ce type de production méritent d’être connu et exporté au-delà de Florac (48). C’est pourquoi Atelier Tuffery a mis en place une vraie stratégie de communication digitale mais aussi physique.
Ils sont présents sur des événements textiles ou culturels tel que la Biennale internationale de Design à Saint Etienne (42) avec leur pantalon de travail en chanvre et lin ou encore au Lez Fashion Days à Montpellier (34).
Ils tissent également des partenariats avec des influenceurs qui ont les mêmes valeurs et qui prônent la mode responsable.
Cette communication innovante se poursuit avec de futurs projets… notamment un commerce de proximité itinérant, mais on garde encore un peu le secret et on vous invite à suivre Atelier Tuffery sur les réseaux sociaux et son !