French TEX revient ici sur le E-Book réalisé par le Lab RH aux côtés notamment d'Axa Climate, pour le mettre en perspective de l'actualité de la transition écologique et de la rse dans le secteur textile en France et de ses impacts en termes de ressources humaines.
Dans cette publication, les auteurs insistent sur le fait que chaque métier en entreprise doit prendre part à cette transition rse et doit être accompagné pour se faire. De façon générale, les RH ont un rôle majeur à jouer pour faire « pivoter » l’entreprise en accompagnant l’évolution des compétences, en anticipant et planifiant les emplois et compétences de demain "non seulement, bien sûr, en raison de leur responsabilité en termes de gestion des talents et des emplois (recrutement et fidélisation, upskilling et reskilling, etc.), mais aussi pour leur position centrale dans l’organisation interne, au carrefour des différents départements. Le défi écologique doit être un sujet de coopération en externe (fournisseurs, clients…) mais aussi en interne, entre les différents départements : les RH sont les mieux positionnés pour créer et favoriser le dialogue entre tous les acteurs représentatifs en entreprise afin de créer les conditions d’une coopération réussie au service de la transition. ".
Le rapport place également les services RH en position d'être mobilisateurs sur la mise en oeuvre d'outils tel que les matrices de matérialité, du fait d'une position dans l'organisation qui leur permet de solliciter toutes les parties prenantes. Pour rappel, la matrice de matérialité est un outil qui vous permet d'établir les lignes directrices d’une stratégie RSE tout en intégrant les exigences des parties prenantes. Elle constitue ainsi l’une des premières étapes dans la construction d'une stratégie de développement durable.
Enfin, les services de ressources humaines peuvent impulser une culture propice à la transition écologique de l’organisation, sur des thématiques comme la mobilité, la gestion des déchets ou les habitudes alimentaires...
Quelle est la place actuelle des RH sur cette thématique de la transition écologique dans le secteur spécifique de l'industrie textile ?
Posons-nous en effet la question de la situation actuelle de l’industrie textile, à savoir la place prise par les services RH dans l’appropriation de la thématique RSE. Il convient tout d'abord de réaliser que toutes les entreprises textiles n'ont pas de service ressources humaines, du fait de leur taille, dans un contexte où 26% des entreprises textiles françaises ont un effectif inférieur à 50 salariés. Pour certaines d'entre elles, les sujets ayant trait à ce qui peut être encore dénommé "la gestion du personnel" sont encore traité par le / la responsable comptable, car assimilés à des procédures administratives. Ce constat fait cependant de plus en plus exception, les entreprises prenant de plus en plus en considération, quelle que soit leur taille, les sujets marque employeur, politique emploi, attractivité, recrutement, intégration, engagement et fidélisation des candidats, montée en compétences. L’une des explications à cette évolution est liée à une pyramide des âges en la défaveur des entreprises (nombreux départs à la retraite à prévoir dans les 5 ans). Ayant des difficultés à recruter, les entreprises ont pris conscience de l’importance de mettre en place des démarches spécifiques sur la thématique RH, au-delà du strict aspect administratif.
La place actuelle des RH sur cette thématique de la transition écologique dans le secteur spécifique de l'industrie textile peut s'apprécier, parmi les nombreuses actions menées par les acteurs institutionnels de la filière, au travers de l’analyse d'un cas concret : la formation-action animée par la société WeCount sur la thématique bilan carbone - stratégie climat. Tous les 6 mois depuis 2023, WeCount, en partenariat avec l'UIT (Union des industries textiles) et UNITEX (Union des industries textile Auvergne Rhône-Alpes), lance une promotion Climat Textile et Habillement. Plus de 30 entreprises y ont déjà participé. S'appuyant sur l'alternance de workshop en présentiel, de masterclass en distanciel et de coaching individuel par entreprise, elle consiste à aider les entreprises participantes à réaliser leur bilan carbone, puis, dans un 2ème temps, à définir une démarche stratégie climat, c'est-à-dire une trajectoire durable de baisse de leurs émissions carbone. Un guide des pratiques de décarbonation a par ailleurs été rédigé avec 16 entreprises, autre travail pour outiller et inspirer l'écosystème de la mode et du textile, et finalement avoir de l'impact.
Quels ont été les services et fonctions impliqués à l'occasion de cette formation-action ?
La première constatation est le fait que la transition écologique et la rse dans l'industrie textile sont actuellement un domaine partagé entre des directions variées. En effet, la représentation des entreprises relève à la fois des services QHSE, direction générale, direction technique, Ressources humaines, communication, R&D / innovation, méthodes et Industrialisation, DAF et supply chain.
La deuxième constatation est que les entreprises textiles ne disposent pas, quelle que soit leur taille, d'un service dédié spécifiquement à la rse. Face à l’accélération du phénomène et à l’ampleur des politiques rse à mettre en œuvre dans le cadre de la transition écologique, le choix d’intégrer de nouveaux profils d’experts entièrement dédiés à cette problématique (chief climate officer, chief sustainability officer) ne fait pas encore partie des actualités dans le secteur textile.
La troisième constatation est que le service ressource humaine et recrutement ne sont pas majoritaires dans la représentation actuelle sur cette thématique, mais pas non plus absents : ils sont au même niveau que d'autres services tels que l'environnement, la QHSE ou la recherche.
Enfin, il peut être observé que les entreprises demandent à être accompagnées pour installer de manière durable des habitudes de travail et ressources en lien avec la rse, cette thématique étant perçue comme essentielle au regard des attentes du client, du candidat ou de la règlementation, mais source de coût supplémentaire qu’elles ne peuvent pas toujours se permettre. Par exemple, l’aide VTE vert de la BPI, qui consiste à s’adjoindre une compétence spécifique sur cette thématique, peut dans ce cadre être très utile.
En conclusion, si l'on en revient à nos propos initiaux en lien avec la publication E Book, les entreprises et l'industrie textile sont en chemin dans la prise en compte des enjeux, pratiques et stratégies liées à l'environnement et à l'activité sociale et sociétale. Il pourra devenir pertinent qu'elles s'en emparent de façon plus poussée, ce qui passera par la montée en compétences et un processus d'engagements des métiers RH sur ce sujet, qui nécessite d’embarquer 100% des collaborateurs notamment les jeunes.